Le lavoir

                                                           Lessive d'antan

C'était une grande fierté pour une femme de posséder un beau trousseau de linge dans une armoire de famille. Souvent les draps étaient brodés des initiales des maîtres de maison. En général, on en possédait une belle collection,  la lessive étant une telle corvée qu'on ne la faisait qu'une ou deux fois par an au printemps et à l'automne (ceci pour les draps, les nappes, les serviettes ; les vêtements étaient lavés plus souvent). Les familles aisées confiaient cette tâche si pénible à des lavandières dont c'était le métier. Jusqu'à la fin du XIXe siècle on utilisait de la cendre de bois ainsi que des plantes comme la saponaire ou les orties en guise de lessive. On procédait en plusieurs étapes : le triage, le trempage, le cuvage (ou buée d'où l'origine du mot buanderie), le rinçage et enfin le séchage. Le trempage se faisait à l'eau froide et pouvait durer toute une nuit.  Ensuite on faisait la buée  qui consistait à arroser le linge avec de l'eau de plus en plus chaude pour finir avec de l'eau bouillante, il fallait régulièrement touiller avec un pieu en bois, cela pouvait durer toute une journée. Les premières lessiveuses apparurent vers 1850 et facilitèrent grandement cette étape.  Ensuite on transportait le linge dans une brouette jusqu'au lavoir afin de le rincer


Le lavoir était un bassin alimenté en eau d'origine naturelle. Les femmes venaient y rincer le linge pour cela elles s'agenouillaient dans une sorte de caisse en bois appelée garde genoux, (parfois garnie de paille pour plus de confort), elles jetaient le linge à l'eau, le tordaient, le pliaient, le battaient avec un battoir en bois sur la pierre pour l'essorer le plus possible (bulletin municipal 2002). Le lavoir était également un lieu de rencontre où les femmes se retrouvaient pour discuter. Le séchage se faisait à l'air libre  à plat ou pendu sur des haies.

Concernant le travail des lavandières, voici un extrait du texte « Petits métiers d'autrefois » de France Mioche dans la revue Brayauds et Combrailles n° 114.  « Je pense encore aux laveuses, à la mère Borot de Piory qui a fait bouillir, lavé, tapé tant de linge par tous les temps et avec tant de courage. Quel dur métier elle faisait ! Et aussi la Marie Prètre dite Marie Dioute et plus anciennement encore la Marie Laurier des Bargeauds dont la toute petite maison existe encore. Les mains boursouflées d'engelures, elles lavaient, lavaient et vendaient tant bien que mal leurs bras et leurs forces ». Dans le bulletin municipal n°17 de janvier 2004, dans un texte de Gabriel Tardif intitulé « La vie des habitants de Jozerand il y a un demi-siècle ». « Pour la lessive, elles faisaient bouillir le linge dans un récipient appelé lessiveuse, ensuite avec une brouette, elles allaient le rincer dans un ruisseau appelé Eau Salée. Par temps froid, l'eau était si glacée qu'il fallait se souffler dans les mains pour réchauffer le bout de ses doigts ».

 

C'est en 1847 que Monsieur de Chabrol proposa au conseil municipal de Jozerand de déplacer la fontaine Saint Christophe et de construire un abreuvoir et un lavoir couvert d'un hangar. Le projet sembla très avantageux et fut adopté par le conseil. Cependant, en 1890 Monsieur de Chabrol alors devenu maire signale au préfet que les habitants ne sont pas d'accord avec l'emplacement du lavoir. La fontaine ne donne pas assez d'eau pour renouveler celle du lavoir qui devrait l'être chaque jour, l'espace est trop petit pour le séchage du linge, le passage des bestiaux gênerait les lavandières et salirait le linge à sécher, les abords de la fontaine seront d'accès difficile aux chars amenant la lessive. Il y aurait donc lieu de changer le lavoir d'emplacement et de le placer sur le « communal des eaux salées » au bord du ruisseau où il se trouvait (Extrait de chroniques historiques Jozerand. Brayauds et Combrailles mars 2007).

 

Ainsi le lavoir est abandonné. L'équipe de l'association entreprend pourtant de le restaurer. Il faut dire que lieu, bucolique,  en pleine nature invite à la tranquillité. On a envie de s'y poser et d'écouter le chant des oiseaux. Mais pour l'heure, le travail ne manque pas, le lavoir est en piteux état !

 

                        Un samedi du début mois de mai 2018.......................